Quitter mon sanctuaire

Laisser derrière moi un endroit si important a été plus facile que je le pensais.

août 25, 2023

Disclaimer : ce texte a été écrit en mars 2022.

Je quitte mon sanctuaire. Il y’a deux ans déjà, j’écrivais un article sur Sense & Sensibility (rip mon ancien blog) qui s’intitulait Finding Home. Dans l’article, j’expliquais l’enfer que j’ai vécu dans mon premier appartement Parisien, enfer surtout lié au quartier et l’insécurité qui y régnait.

“I was living in a non-safe environment in the north of Paris. I was grabbed, insulted and even assaulted more times than I can recall. At some point, I forgot what it was to go home without being frightened. I didn’t invite friends over to my place, I was scared for their safety as I was for mine. I was scared of even going out just to buy bread for lunch. I dreaded going home after work. One afternoon, I witnessed someone getting stabbed. I never felt more insecure in my life. And that is saying something, since I already had survived being attacked by an armed man.
(…)
At some point, I thought I was going to break : intruders were starting to get into the building and they were dealing drugs right outside my building.”

A la fin de l’article, je disais donc que j’avais réussi à trouver un autre appartement, dans le même arrondissement mais dans un quartier (à Abbesses, quel rêve !) bien plus safe. Quel soulagement, je me sentais enfin en sécurité.

Cet appartement a été bien plus qu'un simple lieu de vie.
Pendant presque trois ans, il a été mon sanctuaire, un endroit où je me suis sentie en paix avec moi-même et avec le monde. C'est là que j'ai guéri de mes blessures et de mes peines, et où ma santé mentale s'est améliorée. Entre peines de cœur, remises en question, confinement pour mes 30 ans et alignement avec mes envies, c'est l'endroit où j'ai le plus appris sur moi-même. J'ai pu le transformer pour qu'il me ressemble à 100 %, et ce cocon était bel et bien mon sanctuaire. Des livres partout, des étagères sur mesure, des fleurs en permanence, des photos, des poèmes ; un havre de paix.

Je le quitte pour un endroit encore plus serein, et je n’ose y croire. J’ai dis au revoir à ce cocon que j'ai créé avec amour, à cette maison qui a été mon refuge pendant toutes ces années. Mais je suis reconnaissante pour tout ce que cet endroit m'a apporté, pour toutes les leçons que j'ai apprises sur moi-même.

Il y a plusieurs mois de cela, j'ai fait une rencontre qui a bouleversé ma vie. C'était LA rencontre, celle que tout le monde (ou presque) attend secrètement, celle qui redonne de l'espoir, qui redistribue toutes les cartes, mais en douceur. Celle qui me fait me dire “mais oui, bien sûr, c’est ça mon chemin”.
J’étais entière, pleine de lumière, et maintenant je peux rayonner encore un peu plus fort car il m’inspire tellement de lumière et de joie; et surtout il me laisse briller. J’ai l’impression d’avoir quinze ans de nouveau et de m’émouvoir sur Fitzwilliam Darcy, mais ce que je ressens pour lui est quelque chose d’inédit et d’unique.
C'est une relation qui me nourrit, qui me donne des ailes, et qui me permet de m'épanouir en tant que personne. A l’image de mon appartement, c’est un refuge, où je peux être celle que je suis sans jugement, sans injonction. Cette rencontre a été un véritable tournant dans ma vie, et je suis reconnaissante chaque jour de l’avoir dans ma vie.

Tout ça pour dire que nous avons très vite pris (après quelques concertations et un événement à propos de ma location, etc) la décision de vivre ensemble. Ca c’est fait très naturellement, tout comme le reste. Au début nous nous voyions que le week-end puis au bout de deux/trois semaines on se voyait un ou deux soirs en semaine, en faisant des aller retours entre nos deux apparts; et après nous étions inséparables. Toujours avec ce sentiment de se connaître depuis toujours, comme si tous les chemins sinueux nous avaient menés à nous rencontrer. (Bravo au passage à E. qui avait prédit ça 18 mois auparavant)

(une de mes chansons préférées de mon artiste préférée, qui résonne tellement)

Alors ni une ni deux, on a d’abord déménagé au fur et à mesure mes vinyles et quelques livres, puis mon chat Cosmos, puis l’entièreté de mes affaires. Et depuis le 24 mars (ndlr: 2022 donc), c’est officiel, je vis dans le 15ème.

Mes proches m’ont demandées si je n’avais pas peur. Car effectivement, cela fait six ans que je vis seule, que j’ai appris à tout gérer toute seule, et que je vivais dans le calme absolu, seule dans ma bulle. D’autant plus qu’il y’a environ un an, je disais à ma psy “moi si je me mets en couple, la vie à deux c’est non, j’ai besoin de mon espace et d’être seule”. Oops.

Beaucoup de personnes s'attendaient" également à une vague d'émotions de ma part quant au fait de devoir dire au revoir à mon cocon du 18e. Mais le jour J du déménagement, je n'ai ressenti que de la fatigue, et mon stress a fini par redescendre. Le jour de l'état des lieux de sortie, j'étais soulagée que tout se passe bien.

Mais je n’ai pas versé une larme d’émotion, rien. Comme si je savais que c’était pour le mieux. Le meilleur c’est maintenant, là, chez nous à trois avec Cosmos. Nos marques furent prises très rapidement, le quotidien est doux. I found home.

Comme je vous l'ai expliqué, il a tout bouleversé, et j’ai envie de vivre avec lui, cela ne m’effraie pas le moins du monde, bien au contraire. Je sais que ma vie ne sera que plus douce. Dès le début, il a vraiment compris qui je suis en profondeur et il a tenu à ce qu'une pièce de notre appartement soit spécialement dédiée à moi. Il voulait que j’ai “ma pièce à soi, comme Virginia”. C'était un rêve devenu réalité : j'allais enfin pouvoir avoir un espace pour mes livres, ma créativité et mon cocon personnel.