Une histoire de corps, de douleur et de créativité.
Ma lutte avec la douleur invisible & son impact sur ma créativité.
Depuis début 2022, mon corps est malade.
J’ai des douleurs aux mains principalement (mais aussi dans les pieds) qui sont saisissantes à chaque réveil (que ce soit le matin, ou bien après une sieste) et une perte de force assez conséquente - rien que de m’essorer les cheveux ça me fait mal. J'ai bien évidemment passé de nombreux examens médicaux et essayé divers traitements, mais malheureusement, rien n'a eu d'effet positif.
J’ai vu plusieurs médecins, dont un “charmant” vieil homme de 70 ans passés en médecine interne que j’ai payé 200 euros pour qu’il me demande si j’avais déjà testé le Doliprane, et aussi pour qu’il me dise “je comprends pas pourquoi vous souffrez”, tout en indiquant dans sa lettre à ma généraliste “Je comprends pas ce qu’il lui arrive, mais ça peut partir comme c’est venu, il faut que Mme Lesage prenne littéralement son mal en patience”. La violence de cette phrase me hante encore, comme si ma douleur était juste un bobo de rien du tout voire invisible, comme si tout le monde s’en fichait, allez next patient suivant ça fera 200 euros merci au revoir. J’avais réellement l’impression que le corps médical ne prenait pas ça au sérieux. A chaque fois qu’un médecin me tendait mes résultats médicaux il me disait “tout est parfait c’est génial !”. Mais non, rien n’est parfait : je souffre.
Et donc, depuis, je suis en guerre contre mon corps. Je suis en bataille contre cette douleur quotidienne qui génère de la fatigue physique, mentale et morale. Malheureusement, cela créé également de l'incompréhension chez certaines personnes de mon entourage, qui n’arrivent pas à comprendre pourquoi je suis toujours épuisée, pourquoi j’ai envie de rien, pourquoi j’ai besoin de me concentrer sur moi-même alors que je n’arrivais pas à penser à autre chose que cette douleur. J'ai même dû faire face à des commentaires (très peu empathiques) comme : "Est-ce que ce ne serait pas dans ta tête ?". Vous vous en doutez, mais ça a abimé certaines de mes relations.
J’ai passé beaucoup de temps à parler de ça avec K (mon copain) et ma psy. J'avais l'impression d'être submergée par la douleur et j'avais peur que cela ne devienne ma réalité permanente. Je me souviens très bien d’avoir dit à ma psy “Je ne suis que douleur”. J’étais démunie, et déprimée car je ne pouvais plus faire ce que j’aimais, par exemple tenir un livre plus de 10 minutes dans les mains n’était plus possible, moi qui pouvait lire des heures durant avant tout ça.
J’ai du travailler sur l'acceptation de ma situation et sur la manière de trouver un équilibre entre mes besoins et mes limitations physiques. Etant une personne très indépendante, qui n’a jamais su vraiment demander de l’aide aux autres, ce fut une épreuve juste d’accepter que non ce soir je ne peux pas faire la vaisselle et donc de demander à K. de prendre le relais. Ou bien non, je peux pas monter cette bibliothèque solo, voire du tout, alors il le fera tout seule.
Accepter ça n’a pas été facile d’autant plus que je ne faisais plus confiance à mon corps; alors que lui aussi souffrait tout autant que moi. Je lui en voulais terriblement, pourquoi me faire subir ça, pourquoi les traitement ne fonctionnent pas, pourquoi. Pourquoi soudainement ma vie était composée de douleur physique aussi intense et aussi incompréhensible.
Cependant depuis quelques semaines, ma douleur se dissipe. J’ai une personne proche de ma famille qui pratique la médecine chinoise, et qui a su déceler ce qui clochait dans mon corps. J’ai pris un traitement, et ma douleur s’est considérablement atténuée, elle est toujours là présente, mais au moins elle me fiche un peu la paix.
Rien que d’écrire ces mots, j’en ai les larmes aux yeux. Après plus d’un an et demi d’errance, de souffrance et d’incompréhension, je guéris. Je vais mieux, et je peux reprendre peu à peu des activités créatives.
Car bien évidemment, tout cela a eu un impact majeur sur ma créativité au quotidien. J'ai toujours été quelqu'un avec de multiples activités et passions, mais je me suis retrouvée incapable d'apprécier quoi que ce soit et je n'avais plus envie de rien. J'ai dû mettre en pause mon projet de créer une boutique d'objets d'intérieur, abandonner mes envies de dessiner, de lire, d'écrire et même parfois de sortir de chez moi. J’étais de toute évidence vidée de toute énergie, et un rien me demandait un effort surhumain.
J’ai un besoin vital d’être capable et de pouvoir réaliser des choses avec mes mains (ou non), mais juste j’ai besoin d’être créative. De m’exprimer à l’écrit, en dessin, en faisant des logos, en cuisinant des nouveaux gâteaux etc.
Mais comme je disais depuis peu l’envie de créer et de partager revient en moi. Comme si la lumière avait retrouvé le chemin en moi, et qu’enfin, j’étais libre de cette emprise. Ma créativité excelle quand mon esprit est au calme et que je peux me concentrer sans penser à mille choses négatives. Grâce à cette lumière retrouvée, je me suis décidée à lancer Folklore Diaries que vous êtes en train de lire.
J’ai mille et une idées de choses que j’aimerais faire, la première étant vraiment de reprendre mon projet de création d’objet et de pouvoir les proposer à la vente, mais j’aimerais aussi me mettre au crochet (car après avoir appris le tricot, c’est la suite logique pour moi); bref j’ai une pléthore d’idées et mon Notion est rempli de liste de choses à faire, oopsie.
En attendant ma priorité reste néanmoins de pardonner mon corps, lui refaire confiance et en prendre soin. C’est pas une mince affaire, mais je sais que ça ira.
Comme dirait Shakespeare : all’s well that ends well.
A très vite,
Candice 💌
(PS: La prochaine édition sera plus légère promis !)
Se sentir abandonner par son propre corps, puis par les autres, est vraiment terrible … Mais, c'est beau de voir que tu en ressors plus aguerri, prête à croquer la vie: "Il y a une fissure dans toute chose; c'est ainsi qu'entre la lumière".
Bonjour Candice,
ton texte m'a beaucoup touchée. J'ai été très frappée par la phrase "je suis en guerre contre mon corps". Nous ne sommes pas QUE notre corps, mais nous sommes aussi notre corps, non ?
Je n'ai pas de solution à te proposer, juste de l'empathie, car ayant aussi des problèmes de santé, j'ai une assez bonne idée de ce que tu peux ressentir.
Je n'ai pas lu "Ecoute, ton corps te parle", donc je ne sais pas si ce livre est vraiment bien mais je sais qu'il parle à certaines personnes. Si ça te parle, peut-être cela vaut-il le coup de regarder si jamais tu ne le connais pas...
Bref, je te souhaite un rétablissement prompt et complet et suis heureuse de savoir que tu vas mieux (j'ai moi aussi été beaucoup aidée par la médecine chinoise, et comme tu es à Paris, je te conseille Christophe Topalian, qui tient l'école Shen dans le 17e, c'est de loin le meilleur praticien en MTC que j'aie pu consulter).